Immigrés : stop ou encore ?

Parmi les difficiles problèmes auxquels les pays européens doivent faire face actuellement, il en est un qui prend de plus en plus d’ampleur et qui donne lieu à des débats de plus en plus vifs.

Je veux parler de l’arrivée quasi-quotidienne de groupes de personnes qui tentent, par tous les moyens, de rejoindre le territoire de l’Union Européenne. Beaucoup – plus de 3.000 depuis le début de l’année – n’y parviennent pas : la Méditerranée devient leur cimetière. Les autres – ceux qui réussissent – sont, dans la quasi- totalité des cas, maltraités par les réseaux de passeurs qui les dépouillent sans vergogne. Le business de la misère tourne à plein régime.

Dans nos pays, les positions antagonistes se durcissent. D’un côté, le refus et le rejet qu’expriment brutalement les partis d’extrême-droite : stopper l’arrivée, fermer les frontières, au besoin quitter l’Europe si elle se montre incapable de repousser ces hordes de loqueteux. De l’autre, des organisations internationales et des ONG qui plaident pour l’ouverture des frontières et stigmatisent les autorités pour leur insensibilité à la détresse et qui fustigent l’organisation de l’éloignement pour les illégaux.

Au milieu, des citoyens perplexes qui s’insurgent devant les cadavres qui flottent sur la mer, mais, parallèlement, estiment souvent que les illégaux sont une charge plutôt qu’une chance et qu’il est impérieux de mettre de l’ordre dans tout cela.

Alors, que convient-il de faire ? Personne n’a la bonne réponse. Mais il est possible au moins de formuler quelques principes qui doivent guider nos politiques.

L’humanisme d’abord…

Quand quelqu’un risque le naufrage et la mort, on ne discute pas, on se porte à son secours. L’Europe semble l’avoir compris et ajoute aujourd’hui au contrôle des frontières, une dimension d’urgence humanitaire. Quand quelqu’un est menacé dans son pays de traitements inhumains ou pire, d’une mort plus ou moins atroce, on ne tergiverse pas, on l’accueille. Nos pays ont signé la Convention de Genève qui le prescrit. C’est un devoir sacré à l’égard des candidats réfugiés politiques.

Le réalisme ensuite…

Parmi ceux qui viennent – et ils viendront de plus en plus nombreux – il y en a à qui ne sera pas reconnu le droit de rester, après avoir épuisé toutes les possibilités. Il est juste qu’on organise leur retour, sur base volontaire de préférence, par la contrainte s’il le faut.

Le réalisme commande aussi de combattre le juteux business des trafiquants et des passeurs. L’Union Européenne a décidé tout récemment de lancer des opérations visant à saisir ou à neutraliser les embarcations utilisées par les mafias. C’est légitime et nécessaire, même s’il faut être conscient qu’une fois bouclées les routes de la mer, les routes terrestres se substitueront vite à elles. C’est d’ailleurs déjà ce que l’on constate maintenant et qui explique les rideaux de barbelés qui commencent à s’élever entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie, et que la Hongrie se propose d’ériger à sa frontière avec la Serbie.

Le réalisme veut encore que l’Union Européenne développe une véritable stratégie à l’égard des pays d’origine. Ceux-ci doivent être assistés dans leur développement, mais doivent également prendre leurs responsabilités en acceptant de reprendre leurs ressortissants non admis en Europe.

La lucidité enfin…

L’Europe est un continent vieillissant. Dans les 25 années qui viennent elle aura besoin de millions de travailleurs supplémentaires si elle veut maintenir à niveau sa population active et assurer le financement de son système de protection sociale. Plutôt que de s’en remettre aux arrivées incontrôlées, il faut ouvrir des voies légales d’immigration.

Mais plus d’arrivants ne signifie pas nécessairement un atout s’ils ne sont pas acceptés, formés, intégrés, valorisés. Malgré les efforts déjà faits dans certains pays, trop de « résidents d’origine étrangère » sont laissés de côté, retardés dans le système scolaire, victimes de discrimination à l’embauche.

Plus d’arrivants signifie aussi plus de diversité, y compris religieuse. Nos pays doivent s’y préparer. La liberté de culte, la neutralité de l’Etat sont des principes de base de nos démocraties. Avec un corolaire essentiel : la primauté de la loi.

Ces quelques pistes de réflexion sont – faute de place – trop brèves et schématiques et donc un peu abruptes. Mais je tenais à les partager avec vous.

(Cet article a d’abord été publié dans l’Echo du Citoyen, le journal du Mouvement des Citoyens pour le )

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