Tragédies en Méditerranée : Appel des eurodéputés MR à la veille du Conseil européen extraordinaire du 23/04

Nous vivons des jours noirs qui reflètent un phénomène croissant mais non récent. Ces quatre derniers mois, 1700 personnes ont perdu la vie en Méditerranée. Face à ces drames humains, nous ne sommes plus à l’heure de l’ajustement.

Nous appelons le Conseil européen à prendre dès demain des initiatives ambitieuses qui s’inscrivent dans la prévention et l’anticipation tant sur le court que le long terme.

Nous exhortons les États membres à faire preuve de solidarité et de responsabilité au nom des valeurs européennes et humanistes qui nous rassemblent. L’urgence aujourd’hui est humanitaire. Aucun État ne peut se soustraire à l’obligation de solidarité devant une telle situation.

1) Nous demandons au Conseil européen de renforcer immédiatement les fonds alloués aux opérations Triton et Poséidon. Doubler les montants reste insuffisant. Nous devons au minimum les tripler pour atteindre le potentiel de l’opération Mare Nostrum, qui aurait sauvé plus de 170 000 vies.

Nous demandons également de réformer l’Agence européenne Frontex afin qu’elle puisse porter secours aux personnes en détresse et ce y compris en haute mer.  Elle doit dépasser son rôle de coordination et d’assistance des opérations nationales. Il s’agit avant tout d’une obligation morale.

2) Un combat impitoyable doit être mené contre les trafiquants, véritables criminels qui exploitent le désespoir humain comme un bien marchant. Les opérations policières et militaires nécessaires pour sécuriser la zone et mettre fin à ce trafic abject doivent être mises en œuvre.

3) Nous demandons la mise en place de nouveaux mécanismes pour éviter que des personnes en soient réduites à risquer leur vie sur des embarcations de fortune pour atteindre le continent européen. À cette fin, nous exhortons de :

a/ créer de nouvelles voies légales pour les demandeurs d’asile dans le besoin d’une protection internationale en leur permettant via  les ambassades de l’UE et aux bureaux consulaires au sein des pays d’origine et de transit, d’introduire leur demande de protection et de recevoir une réponse.

b/ mettre en place des points d’informations, à l’image de ce que Louis Michel a initié au Mali lorsqu’il était Commissaire européen (CIGEM : Centre d’informations et gestion des migrations).

4) Nous devons être tous solidaires et assurer une meilleure ventilation des demandeurs d’asile. Si l’on demande à chacun de fournir des efforts supplémentaires il faut d’abord s’assurer que l’ensemble des États membres fassent preuve de responsabilité en la matière. À cette fin, nous devons revoir le rôle du Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) :

a/ Nous appelons à créer un système européen centralisé pour le traitement des demandes d’asile. Muni d’un budget, d’un personnel et d’une expertise unique le bureau pourrait traiter l’ensemble des demandes d’asile.

b/ À terme l’EASO devra être en charge de répartir les différents demandeurs d’asile sur le territoire européen sur base de critères prédéfinis qui ont fait l’objet d’un accord au sein du Conseil et du Parlement européen.

Toutefois, cela ne changera pas pour autant la nature même du problème. Nous devons nous attaquer aux racines de ces flux massifs. Il faut cesser de remettre la faute sur l’Europe. Le manque de répartition des richesses dans les pays d’origine et les problèmes de sécurité doivent être notre priorité. Nous devons développer un dialogue politique structuré avec les gouvernements d’origine. L’Union européenne doit devenir un acteur global qui participe pleinement à la sécurité et au développement dans le monde. Elle ne pourra le faire qu’en se dotant d’une réelle diplomatie unique et indivisible soutenue par un bras armé.

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