Tout salaire mérite travail….

Avant d’écrire ces lignes, j’ai longtemps hésité à choisir mon sujet.

D’un côté, il y avait la tentation de saluer la stupéfiante épopée d’Emmanuel Macron à la conquête de la Présidence de la République française. Qui aurait cru la chose possible il y a moins d’un an ? Et qui n’éprouve pas, au fond de lui-même, une joie (un peu sadique) devant l’opération éclair de dynamitage des forces politiques installées dans le conformisme de droite comme de gauche ? Ah ! la réjouissante nouvelle que voilà !

De l’autre côté, il y a le besoin, la nécessité même, de tirer les leçons des scandales qui viennent de remuer l’opinion publique de notre pays. Je veux parler bien sûr, des affaires Publifin en région liégeoise, Samusocial à Bruxelles, ISPPC à Charleroi, sans compter celles qui seront révélées dans un futur proche !

Il y a trois aspects profondément choquants dans toutes ces affaires. En premier lieu, l’absence de lien réel entre les montants perçus et les prestations effectives. En second lieu, la discrétion – j’ai envie d’écrire l’omerta – dans laquelle tous ces « avantages » ont été octroyés. En troisième lieu, le fait que les montants versés soient liés à des mandats publics déjà rémunérés par ailleurs.

Tous les partis politiques ne sont pas également touchés – le PS occupant la « pôle position» avec une confortable avance – mais aucun des partis traditionnels n’est indemne, même le nôtre. Certes, tout n’est pas illégal, mais rien n’est élégant et surtout pas le fait de se payer sur les dons destinés à aider les plus démunis de notre pays.

Bien sûr, depuis que ces affaires ont éclaté, les partis politiques se livrent une concurrence féroce pour s’attribuer le label du meilleur cheval blanc, celui qui nettoie le mieux. Il en sortira certainement l’un ou l’autre progrès, plus ou moins pertinent.

Benoît Lutgen, le Président du CDH est, à ce jour, celui qui a pris l’initiative la plus radicale. En mettant fin à l’alliance avec les socialistes, il fait coup double : en désignant le PS comme le parti dégoûtant par excellence, il dédouane les autres dont le sien et il évite à son parti d’être entraîné vers le fond à la suite du PS.

Je doute toutefois que cette initiative, pour radicale qu’elle soit, soit de taille à régler le fond du problème. Je veux parler de la perte de légitimité de la classe politique dans son ensemble. A un moment où beaucoup de gens sont inquiets – soit parce qu’ils ont déjà été touchés par le chômage, soit parce qu’ils craignent de l’être, eux ou leurs enfants – le niveau de revenus du personnel politique est perçu comme excessif et même, dans les cas mis à jour, comme scandaleux.

Les éruptions populistes d’aujourd’hui, qu’elles soient de droite ou de gauche, trouvent là un carburant abondant et peu coûteux pour alimenter leur charge contre les « élites » politiques et, insidieusement, contre la démocratie elle-même.

Si l’on ajoute à cela le niveau indécent des rémunérations des grands patrons (*) et l’accroissement des inégalités, on commence à comprendre la gravité du malaise qui touche nos régimes démocratiques.

Il nous faudra plus qu’un seul « Macron » pour y faire face !

 

(*) A titre d’exemple, Carlos Ghosn, PDG de Renault/Nissan, vient de se faire octroyer 15 millions d’euros par an. Et Marissa Mayer, PDG de Yahoo qui gagnait 900.000 $ par semaine, vient d’être remerciée avec une indemnité de 200 millions de $.



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